Caricature de YGRECK (http://ygreck.typepad.com/)
Je n'en suis plus à chercher le ou les coupables, je crois plutôt qu'il est inadmissible de sacrifier autant d'énergie et de potentiel. Il y a pourtant une mobilisation qui ne demande qu'à être canalisée. Depuis un an ou deux, nos jeunes sont au coeur des soulèvements. Du mouvement "occupy" au rassemblement pour le Jour de la Terre, ils sont partout et, à l'évidence, les modèles proposés par les générations précédentes ne leur conviennent plus. Si tous ne se retrouvent pas dans la rue à manifester actuellement pour la question des frais de scolarité, parions que la majorité trouve difficilement son compte dans ce que nos politiciens leur proposent. Sur la seule question de l'éducation au Québec, les étudiants ont des demandes, de nombreuses demandes et des récriminations. J'aimerais leur proposer de passer à l'étape suivante et de prendre le leadership des solutions.
Le débat actuel ne devrait pas porter sur les seuls frais de scolarité. Puisqu'il faut discuter, pourquoi ne pas tout mettre sur la table. Il a coulé beaucoup d'eau sous les ponts depuis le Rapport Parent, le temps est peut-être venu d'une réflexion globale. Quelles devraient être les responsabilités de nos élus et du Ministère l'Éducation (du loisir et du sport...)?Quelles devraient être les responsabilités des gestionnaires dans nos institutions scolaires? Quelles devraient les responsabilités des enseignants? Quelles devraient être les responsabilités de nos étudiants? Je suis probablement idéaliste et naïf, mais je crois que les associations étudiantes devraient reprendre le "leadership" du conflit. Il est possible de modifier la perception des gens en proposant des pistes de solution... Si j'arrive à oublier que je suis prof pour me contenter de mon rôle de citoyen qui paie ses impôts et espère que le gouvernement les gère judicieusement, je serais très sensible à des étudiants qui demandent la gratuité et/ou le gel, mais qui proposeraient au gouvernement un "contrat". Un contrat au sens de pacte social. Des droits, mais également des obligations et des devoirs.
Les étudiants demandent beaucoup, mais j'attends plus, je veux des engagements. Une des critiques que j'entends souvent ces jours-ci, et que je constate trop souvent comme enseignant au collégial, est le manque de responsabilisation face aux études. Comme citoyen qui paie ses impôts, je veux offrir aux futures générations une éducation accessible au plus grand nombre, mais j'aimerais que chacun prenne ses responsabilités et que les études soient une priorité pour tous les étudiants. Ils ont droit à l'échec et à l'erreur, mais pas à l'indifférence. Pas plus qu'à des études "gratuites" qui ne figurent pas au haut de la liste de leurs priorités... Si les étudiants offrent des "garanties", je veux bien mettre une fois de plus la main dans ma poche pour investir dans leur formation et dans notre avenir. Je crois que nos étudiants forceraient le gouvernement à écouter en offrant des discussions sur un contrat. Que contiendrait ce contrat? Ce serait le coeur des échanges. Je m'adresse plus directement à nos étudiants en leur disant: prenez l'initiative et surprenez-nous. Ignorez les cyniques et étoffez un peu votre projet de société.
Je me permets un ou deux modestes conseils avant de terminer. N'attendez pas de ce gouvernement, pas plus que du PQ ou de la CAQ, du leadership. La définition de ce concept est ignorée par une majorité d'intervenants, volontairement ou non. Nos hommes et nos femmes politiques de tous les partis se préparent à une élection. Une campagne électorale est rarement l'occasion d'un profond débat, les yeux sont trop tournés vers les sondages et les formules racoleuses viennent aisément... Parfois aussi, je crains une récupération de votre ferveur par des institutions dépassées ou qui vieillissent mal. Prenez garde à des alliés dont le statut et les objectifs n'ont que peu de points en commun avec ce que vous défendez. Je considère par exemple que l'action syndicale est indispensable, mais je suis inquiet lorsque je vois des associations étudiantes coller de trop près à d'anciens ou actuels leaders syndicaux. Que des leaders syndicaux donnent leur appui, ça me va. Qu'ils soient très (trop) près des leaders étudiants est à mes yeux une mauvaise nouvelle. Vous avez des intérêts "actuels" et vous représentez, malgré certains débordements, la fraîcheur. Assumez les excès, mais dites-vous que nous avons déjà "pardonné" à certains groupes des actions autrement plus violentes pour ensuite négocier avec eux. Ne mêlez pas d'anciens projets de société ou d'anciennes méthodes à la société dont vous rêvez.
Bon courage et bonne chance.
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